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Allocution de l’Ambassadeur Lu Shaye à la conférence internationale de l’Institut Schiller
驻法国大使馆
2023-07-09 22:11

Madame la présidente Helga Zepp-LaRouche,

Mesdames et Messieurs,

Je tiens tout d’abord à remercier l’Institut Schiller de m’avoir invité, ce qui me permet de venir à Strasbourg, la « deuxième capitale de l’Europe », pour échanger avec vous mes réflexions sur la situation internationale.

À l’heure actuelle, des changements jamais vus depuis un siècle s’opèrent à un rythme accéléré, donnant lieu à des transformations inédites de notre monde, de notre époque et de l’Histoire. Le conflit en cours sur le continent européen attire l’attention du monde entier. Plus d’un an après le début du conflit russo-ukrainien, où se trouve l’issue ? La réponse à cette question est recherchée non seulement par les pays parties au conflit et les pays européens qui y sont étroitement intéressés, mais aussi par toutes les personnes éprises de paix dans le monde.

En fonction des positions et intérêts des différentes parties, il y a deux options diamétralement opposées : la première consiste à poursuivre les hostilités jusqu’à ce que l’un l’emporte sur l’autre ; et la deuxième, à promouvoir des pourparlers de paix pour trouver une solution acceptable pour les deux antagonistes. Ainsi le monde est-il divisé en deux camps : les pro-guerre, dirigés par les États-Unis, qui, sous le couvert de la défense de la justice, font prolonger la guerre en fournissant sans cesse des armes et d’autres formes d’assistance militaire à l’Ukraine ; et puis les pro-paix, qui s’engagent activement dans la diplomatie de la navette en faveur de la réconciliation et des pourparlers de paix.

Le conflit russo-ukrainien fait ressortir deux modes de pensée dans le monde d’aujourd’hui, qui opposent deux choix stratégiques : celui de la confrontation et du conflit contre celui du dialogue et de la coopération, ou celui du jeu à somme nulle contre celui du bénéfice mutuel et du gagnant-gagnant. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine est en outre lui-même la conséquence désastreuse de l’obsession américaine à la logique de la confrontation des blocs après la fin de la guerre froide, traduite notamment par l’expansion continue de l’OTAN vers l’est pour restreindre l’espace stratégique de la Russie et la mettre au pied du mur.

Et aujourd’hui, les États-Unis tentent de lancer une « nouvelle guerre froide » contre la Chine. Sur le plan politique, ils collent des étiquettes idéologiques aux autres pays, qualifient la Chine de « dictature autoritaire » et rassemblent des « alliés de valeurs » sous la bannière de la défense de la « démocratie » pour lancer une « nouvelle croisade » contre la Chine. Sur le plan militaire et sécuritaire, les États-Unis s’adonnent à créer des « petits clans » : des alliances militaires bilatérales au partenariat trilatéral (AUKUS), du dialogue quadrilatéral (Quad) à l’alliance Five Eyes, en passant par la « version indo-pacifique de l’OTAN ». Sur les plans économique, commercial et technologique, projetant leur propre modèle sur la Chine en supposant que toute grande puissance pratique l’hégémonie, les États-Unis construisent des « petits jardins entourés de hauts murs », et cherchent à faire le découplage et à briser les chaînes d’approvisionnement pour réprimer, de manière globale, multisectorielle, intensive et continue, les entreprises de haute technologie et les industries critiques de la Chine telles que les semi-conducteurs.

Les pays européens se sont vus contraints de choisir leur camp. Sur le dossier russo-ukrainien, de la participation aux sanctions à l’envoi actuel d’avions de chasse en passant par la formation de pilotes, l’Europe se voit chaque jour davantage impliquée dans le conflit, alors que les perspectives de reprise de dialogue avec la Russie et de reconstruction d’une nouvelle architecture de sécurité européenne s’éloignent de plus en plus. Quant aux relations avec la Chine, les États-Unis jouent sur le faux récit d’« Ukraine d’aujourd’hui, Taiwan de demain », attisant une haine anti-chinoise en Europe et envenimant les relations sino-européennes.

Dans ce contexte, il convient de noter que certains pays européens ont fait preuve d’une plus forte volonté d’autonomie stratégique et se sont refusés à choisir un camp entre la Chine et les États-Unis. Ils ont souligné la nécessité de défendre leur souveraineté stratégique et économique en partant de leurs propres intérêts, de conserver des voies de dialogue et de jouer un rôle de force d’équilibre entre la Chine et les États-Unis.

Les pays en développement ont aussi largement refusé de tomber dans les stéréotypes logiques et les pièges discursifs de la politique des blocs et de la confrontation des camps. Ils rejettent la vague aveugle de condamnation et de sanction contre la Russie et poursuivent leur politique d’amitié envers la Chine. La paix et la coopération restent toujours l’aspiration des peuples et la tendance générale.

Dans le même temps, la confusion et l’anxiété sont loin d’être dissipées chez les différentes parties. Certains pays, anticipant une escalade de la confrontation et une « guerre éventuelle » entre la Chine et les États-Unis, parient sur les deux côtés sur le plan géopolitique, et au niveau économique, ils érigent des barrières commerciales et pratiquent le filtrage d’investissements, la relocalisation industrielle et le blocage de technologies critiques vis-à-vis de la Chine, en insistant sur la « réduction de la dépendance » et le « dérisquage ».

Dans un monde tourmenté, la Chine reste plus que jamais lucide et déterminée. Il y a dix ans, le président Xi Jinping a avancé de manière novatrice la vision d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité et l’Initiative « Ceinture et Route », et depuis 2021, il a successivement présenté l’Initiative pour le développement mondial, l’Initiative pour la sécurité mondiale et l’Initiative pour la civilisation mondiale. Ce sont des propositions chinoises pour résoudre les problèmes du développement mondial, relever les défis de la sécurité internationale et promouvoir l’enrichissement mutuel entre les civilisations.

Un proverbe africain dit : « Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin ». Ceux qui ne tiennent pas compte des intérêts des autres n’iront jamais loin, ceux qui veulent compter uniquement sur leur propre force en se débarrassant des autres vivent dans l’illusion, et ceux qui ne pensent qu’à bloquer le développement des autres ne sauront pas résoudre fondamentalement leurs propres problèmes. 

En présentant l’Initiative pour le développement mondial, la Chine préconise la solidarité et la coopération. Ayant pour but la mise en œuvre rapide de l’Agenda 2030 pour le développement durable de l’ONU, cette initiative identifie huit domaines clés de coopération, dont la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, le financement du développement et l’économie numérique. Elle a reçu le soutien de plus de 100 pays ainsi que des Nations unies et d’autres organisations internationales et régionales, car elle correspond aux vastes intérêts communs de la communauté internationale. Grâce aux efforts conjoints de toutes les parties, l’Initiative pour le développement mondial s’est très bien concrétisée et a obtenu beaucoup de résultats précoces au bénéfice des différents peuples. À titre d’exemple : ont vu le jour des mécanismes comme l’« action spéciale de promotion de la production alimentaire », l’alliance mondiale pour le développement de l’enseignement technique et professionnel, le réseau international de coopération entre les ONG pour la réduction de la pauvreté, l’alliance Chine-Afrique pour la réduction de la pauvreté, le centre de coopération sur l’action climatique Chine-pays insulaires du Pacifique, et le centre de promotion du développement mondial ; plus de cent projets de coopération concrète figurent sur la liste des projets de cette Initiative, bénéficiant à près de 40 pays en développement, et offrant plus de 20 000 places de formation via 1 000 projets de renforcement de capacités ; la Chine a lancé le premier satellite scientifique au monde dédié à l’Agenda 2030, partagé ses données avec le reste du monde, et offert plusieurs produits de données aux Nations unies. 

Dans le cadre de l’Initiative « Ceinture et Route », plus de 3 000 projets de coopération ont été conclus, générant près de 1 000 milliards de dollars d’investissements, créant 420 000 emplois et aidant près de 40 millions de personnes à sortir de la pauvreté... Les faits prouvent que ce dont le monde a besoin, ce n’est pas le « découplage » ou la « rupture des chaînes d’approvisionnement », mais une coopération ouverte, inclusive et gagnant-gagnant. La Chine est prête à continuer à partager les opportunités de développement avec l’Europe et d’autres pays du monde afin de promouvoir la prospérité commune.

Attachée depuis l’antiquité à la primauté de la paix et à la concorde entre tous les États, la nation chinoise n’a pas dans son sang les gènes de l’agression ou de l’hégémonie, au contraire, elle a toujours recherché la paix, l’harmonie et la concorde. Face à un paysage international en profonde restructuration et à des défis sécuritaires complexes, la Chine préconise une conception de sécurité commune, intégrée, coopérative et durable, et poursuit une nouvelle voie de sécurité fondée sur le dialogue plutôt que la confrontation, le partenariat plutôt que l’alliance, et le gagnant-gagnant plutôt que le jeu à somme nulle. En février dernier, la Chine a publié le Document conceptuel sur l’Initiative pour la sécurité mondiale, qui énumère 20 priorités de coopération, dont notamment : soutenir fermement le rôle central des Nations unies dans la gouvernance de la sécurité ; promouvoir la concertation et une interaction saine entre les grandes puissances ; favoriser activement par le dialogue la résolution pacifique des problèmes brûlants ; relever efficacement les défis sécuritaires conventionnels et non conventionnels ; et renforcer continuellement le système de gouvernance et le développement des capacités en matière de sécurité dans le monde.


Sur la question des relations sino-américaines, nous n’avons pas l’intention de défier ou de supplanter les États-Unis, ni de devenir de nouveaux États-Unis, ni de mener une « nouvelle guerre froide » de confrontation des blocs. Récemment, quand il a reçu le secrétaire d’État américain Antony Blinken, le président chinois Xi Jinping a souligné que « le monde a besoin d’une relation sino-américaine globalement stable », qu’il est « persuadé que les deux grandes puissances peuvent surmonter toutes les difficultés pour trouver le bon moyen de s’entendre dans le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération gagnant-gagnant », de manière à « stabiliser et à améliorer la relation sino-américaine ».

Sur les relations Chine-UE, la Chine et l’Europe n’ont pas de conflit d’intérêts fondamentaux. Au contraire, nous bénéficions toutes les deux du développement de l’autre, préconisons toutes les deux l’autonomie stratégique et le multilatéralisme, et nous avons un large consensus sur les dossiers planétaires comme la lutte contre le changement climatique. La Chine et l’Europe devraient renforcer la confiance mutuelle, lever les doutes par une coopération fructueuse et travailler main dans la main pour injecter de la stabilité, de la certitude et de l’énergie positive dans le monde.

Sur la question de l’Ukraine, dans le document intitulé La position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne publié en février dernier, la Chine a mis en avant 12 points de propositions, dont le respect de la souveraineté de tous les pays, le rejet de la mentalité de la guerre froide, la cessation des hostilités et l’ouverture des pourparlers de paix. Ces propositions prennent en compte les préoccupations de toutes les parties et peuvent constituer le plus grand dénominateur commun pour les négociations. La Chine a également fait des efforts concrets de bons offices en vue de promouvoir la réconciliation et les pourparlers de paix. Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de vainqueur dans un conflit armé et que la seule issue viable à la crise est le dialogue et les négociations. Nous espérons que l’UE travaillera avec nous pour favoriser ensemble le lancement dans les meilleurs délais des négociations entre la Russie et l’Ukraine, de sorte que la paix puisse être rétablie au plus tôt sur le continent européen.

Comme le dit un adage chinois, « le secret pour faire un bon plat, c’est de savoir concilier les saveurs ». La beauté de notre monde réside dans l’enrichissement mutuel entre les civilisations. La Chine est contre le dualisme opposant le noir au blanc, et la distinction de supériorité et d’infériorité des civilisations. Par l’Initiative pour la civilisation mondiale, nous préconisons le respect de la diversité des civilisations, la promotion des valeurs communes de l’humanité, l’attachement à la transmission et à l’innovation des civilisations, ainsi que le renforcement des échanges et coopérations interculturels. Nous respectons toutes les civilisations dans leurs différences et soutenons leurs droits au développement. Nous sommes convaincus que les différents pays peuvent trouver leurs propres voies de développement et modèles institutionnels adaptés à leurs conditions nationales, et que grâce aux échanges et coopérations humains et culturels, le rayonnement de toutes les civilisations donnera une magnifique symphonie de splendeurs.

Mesdames et Messieurs,

L’humanité est une communauté de destin partageant heurs et malheurs. Plus que jamais, les nations sont interconnectées et interdépendantes, et plus que jamais, elles sont appelées à travailler ensemble pour relever les défis et réaliser les progrès.

L’Europe a été le principal champ de bataille des deux guerres mondiales et est le théâtre du conflit actuel. L’Europe devrait donc avoir une expérience plus directe et une compréhension plus profonde de l’importance de la paix et du développement. Au moment où nous nous trouvons à un nouveau carrefour critique de l’Histoire, j’espère que les personnalités clairvoyantes de l’Europe engageront des réflexions approfondies, joueront activement leur rôle et contribueront leur sagesse et force pour amener leurs pays respectifs et l’humanité toute entière à faire le bon choix. 

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